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>> Les régimes sont-ils conseillés ?

La minute des experts est alimentée cette semaine par Dr Dominic Cellier, médecin métabolisme-nutrition au Centre Léon Bérard de Lyon et membre du comité de programme de Good.



Chaque saison voit apparaître de nouvelles « modes » de régimes, plus ou moins restrictifs. Avec l’approche de l’été les solutions « miracles » fleurissent dans les médias… Mais est-ce dangereux de faire des régimes ? Quelles habitudes alimentaires privilégier ? Dans quels cas faire un régime ? Dr Cellier répond à toutes ces questions.



Pouvez-vous nous rappeler ce qu'est un régime ?

Un régime c’est mettre des règles dans son alimentation.

On distingue 2 notions de régimes :

  • Les régimes légitimes qui répondent à un questionnement médical en lien avec une pathologie (exemple : diabète, insuffisance rénale, hypercholestérolémie…) pour laquelle le corps médical peut être amené à mettre en place un « régime » avec des règles hygiéno-diététiques. La correction alimentaire fait dans ce cas partie intégrante du traitement. Le régime peut aussi être indispensable dans le cas d’une allergie ou une intolérance à un aliment (exemple : l’arachide). On va dans ce cas exclure l’aliment, on parle alors de régime d’exclusion.

  • Deuxième type de régime, les régimes « grand public » assimilés à la correction de son alimentation en vue de perdre du poids, avec les notions de « restriction » et « rigueur » qui s’orientent vers une alimentation particulière.


L'humain est-il fait pour faire des régimes ?

L’être humain est omnivore par nature. Il est né et programmé pour manger de tout. Grâce à son alimentation omnivore, l’humain peut répondre à tous ses besoins fondamentaux - nutriments et vitamines - pour l’équilibre et le bien être au quotidien.

La notion de régime qui a vocation à exclure et/ou augmenter des aliments entre en totale contradiction avec le fait que nous soyons omnivores. D’autant plus que l’être humain est né avec 5 sens (vue, goût, audition, odorat, toucher) mis naturellement à disposition pour appréhender la nourriture. Dans le cas d’une alimentation artificielle et modifiée du fait d’un régime, l’utilisation de ces sens se retrouve modifiée au profit d’une alimentation imposée.


Quels sont les principaux dangers des régimes ?

Il faut savoir que 95% des personnes qui font des régimes reviennent à la case départ dès lors qu’ils arrêtent leur régime. Les régimes engendrent des désagréments et effets indésirables plus ou moins impactants, dont voici quelques exemples :

  1. L’effet yo-yo qui génère un sentiment d’échec et de reprise de poids post-régime.

  2. L’exclusion sociale. De par ses choix alimentaires, la personne n’est plus en adéquation avec sa famille, son environnement. Le régime génère progressivement une exclusion sociale au détriment du plaisir de partager. Il y a rupture de cet équilibre entre le plaisir de manger et le besoin de manger.

  3. L’effet de mode. Les régimes sont soumis à un dogme de mode, avec les régimes du moment comme régime cétogène, régime hyper protéiné, jeun séquentiel… On impose des « règles » dans lesquelles il y a une rupture entre le besoin réel d’une personne et ce à quoi elle est soumise par des pressions médiatiques, sociales ou publicitaires.

  4. Les excès / carences. Faire un régime implique une modification de son alimentation omnivore avec l’exclusion de certaines familles d’aliments ou surcharge d’autres familles, comme la suppression du sucre dans le cadre d’un régime cétogène, l’augmentation des protéines dans un régime hyper protéiné. De part ces choix alimentaires, il se produit une réaction physiologique du corps qui n’est pas prêt à avoir en excès ou en défaut une famille d’aliments.

  5. L’inadéquation avec les besoins. La standardisation des régimes proposés dans les différents médias pose également une autre problématique : elle ne tient pas compte de la diversité et des besoins physiologiques de chacun, différents selon le sexe, l’âge, les habitudes de vie, sportif, inactif… Tout comme le comptage des calories qui ne prend pas en compte les besoins spécifiques de la personne, qui doivent être adaptés selon la dépense énergétique, la période de sa vie - puberté, adolescence…


Focus sur quelques régimes tendances et leurs effets

Les régimes qui prônent la suppression de certaines familles au profit d’autres familles.

Prenons l’exemple du régime hyper protéiné, dont la plupart de l’alimentation doit arriver par la source des protéines. Les dangers sont multiples :

  • Risques rénaux en cas de régime prolongé

  • Conséquences au niveau de l’haleine avec l’halitose

  • Déséquilibres et carences en vitamines en réduisant les légumes, les fruits et donc les fibres

Autre régime « en vogue », le régime cétogène. A la base, ce régime a été initié pour les personnes épileptiques qu’on ne pouvait pas traiter avec des médicaments. En diminuant les teneurs en sucre et en augmentant les graisses, il y avait des effets bénéfiques. Ce régime a vocation à augmenter les graisses et diminuer les sucres, voir les arrêter (féculents, fruits, et suppression de tous les sucres complexes). Le principe de ce régime est de se focaliser sur les protéines, les produits laitiers, les graisses, la charcuterie… A ce jour les connaissances scientifiques ne permettent pas de proposer des schémas de régimes cétogènes. Les dangers de ce régime sont multiples :

  • Alimentation déstructurée

  • Manque d’énergie, voire d’hypoglycémie du fait du manque de fibres et de sucre

  • Risque de constipation de part la suppression des légumes et fibres


Les régimes végétarien / végétalien / végan


Si on parle de régime, on parle de réorganisation alimentaire et ces catégories sont une certaine forme de régime.


Distinguons ces 3 catégories :

  • Être végan est une philosophie de vie pour laquelle on ne consomme pas d’animaux et d’extraits d’animaux même dans sa vie quotidienne.

  • Être végétarien consiste à ne pas manger de produits de chair animale, telle que la viande, la charcuterie ou le poisson.

  • Être végétalien implique de ne pas manger les dérivés des animaux : miel, lait, œufs... Dans le « régime végétalien », on perd la notion de l’être omnivore en supprimant une grande partie de ses sources d’énergie. Ce « régime » inclut des protéines végétales pour remplacer les protéines animales, mais ne les compensent pas, ce qui peut générer des carences à long terme. On trouve parfois des personnes dans cette philosophie alimentaire qui consomment des compléments alimentaires artificiels pour compenser ces carences. On va à l’encontre d’une philosophie simple.

La règle est d’adapter ses besoins sur les plaisirs de manger. En régulant et réduisant ses consommations de protéines animales, on génère des effets bénéfiques pour l’humain, la planète et l’écosystème.


Quels conseils donneriez-vous ?

Il ne faut pas rejeter d’emblée la notion de régime.

Il est nécessaire de prendre conscience de son mode d’alimentation (trop sucré, trop salé, les quantités, la malbouffe…), pour quels objectifs ? qu’est-ce qui nous motive ?


Dans un objectif de perdre quelques kilos de vacances, on peut envisager pendant quelques jours l’idée de repenser sa nourriture et d’observer dans un premier temps ce qui dysfonctionne, la qualité, la nature des aliments, les conditions dans lesquelles on mange et ainsi repenser son alimentation.

Mais il ne faut surtout pas rentrer dans un système frustrant, qui met son corps en état de stress ; mais plutôt vivre cela comme une expérience positive d’éducation alimentaire. Il est aussi conseillé de repenser d’autres éléments qui peuvent accompagner le « régime » comme l’activité physique et la mise en place de règles hygiéno-diététiques, afin d’entrer dans un cercle vertueux d’hygiène de vie.


Prendre conscience de ce que l’on mange, les familles alimentaires, la provenance de son alimentation, la traçabilité, les quantités que l’on mange et l’adaptabilité de sa nourriture à son mode de vie et à la période de sa vie est essentiel. Ces paramètres peuvent justifier que durant quelques jours on puisse être attentif sur certains points de son alimentation.


On peut tout à fait avoir du plaisir à manger équilibré en ayant quelques règles simples personnelles, sans tomber dans un diktat trop autoritaire qui abime à la fois son esprit et son corps.


« Le plaisir, c’est savoir dire oui (oui je mange un carré de chocolat) et l’équilibre alimentaire c’est accepter de dire non (non je ne mange pas 3 carrés de chocolat) ».


 

POUR EN SAVOIR PLUS

 

Rendez-vous VENDREDI 28 MAI

pour le quatrième épisode de "LA MINUTE DES EXPERTS"

avec Carole CHAZOULE, Enseignante-Chercheuse, Responsable Scientifique équipe Isara

 

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